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15 juin 2013 6 15 /06 /juin /2013 15:27

Se poser un temps pour faire le point dans sa tête ou le ménage, ce n'est pas facile, mais ça reste tout de même bien agréable car on constate qu'on a des ressources que l'on ne connaissait pas, et le pouvoir de changer ce qui nous nuit. 

Mais ensuite ou parallèlement vient une autre étape, celle de la rencontre. 

Pour quelqu'un de fragiliser par ses relations cette étape est angoissante, car elle fait intervenir un tiers que l'on ne peut contrôler. Il faut se résoudre à en prendre le risque, accepter l'impact du négatif pour accueillir le positif. 

 

Personne n'est pas tout blanc ou tout noir, et pour filtrer ce qui passe de l'un à l'autre, il faut d'abord être bien avec soi-même. Si on a des failles, on va laisser l'autre s'y engouffrer sans même s'en rendre compte. Nous avons pourtant des signaux d'alerte efficaces, quand la relation est toxique, on sent bien au fond de nous que ça génère des sensations désagréables, on ressent un mal-être, des doutes, tandis qu'une relation nourrissante nous transporte. 

 

Certaines personnes ont cependant l'art de nous faire du bien dans un premier temps, jusqu'à ce que l'on s'attache pour ensuite nous nuire insidieusement. Comment faire? Comment penser que ces personnes que l'on apprécie, que l'on aime, prennent plaisir à nous faire du mal. C'est tellement inconcevable que nous n'arrivons pas à l'accepter immédiatement et pourtant, c'est bien immédiatement qu'il faut agir. J'appelle cela : mettre des limites. 

 

Voilà une définition de personnes toxiques : "Les gens toxiques sont ceux qui font exprès de nous faire du mal, de nous blesser régulièrement par leur ironie, ceux qui sont insensibles à nos souffrances, qui passent leur temps à répandre des médisances qui nous encombrent l’esprit, nous harcèlent moralement ou physiquement, nous épuisent avec leurs malheurs quotidiens, nous font du chantage affectif,  nous manipulent avec l’argent, nous méprisent, nous jugent sur nos convictions, nos actions ou notre position sociale, nous jalousent, ou/et ceux pour qui nous sommes une béquille, un passe-temps…". Ca fait un peu mal quand on se reconnait, n'est-ce pas? Surtout quand on a accepté, accepté, accepté, jusqu'à ce que ça devienne ignoble, jusqu'à ce que ça soit l'image que l'on a de nous-même qui nous fasse mal. 

 

Je suis d'une bonne nature et par réflexe, dans toute situation, je recherche le positif. Qu'y a t-il de positif à fréquenter une personne toxique ? Eh bien, elle nous révèle une partie de nous même. Elle nous offre l'opportunité de travailler sur soi. Facile à dire, je sais, mais quelle richesse quand on y arrive, et quel plaisir de se dire, que grâce à ces personnes, qui au fond, sont à plaindre plus qu'à blâmer, on est plus apte à nouer de vraies relations et à vivre de vrais instants de pur bonheur. 

 

Alors vous tous, qui avez souffert d'une relation toxique, n'hésitez pas, aimez vous encore et encore, si on se fait prendre au piège, c'est avant tout parce que l'on est sensible. Une brute ne sera atteinte ni par le mal ni par le bien et a peu de chance de vivre la magie de la rencontre. La brute sera trop occupée à penser à elle. 

 

Que faire quand on doit renoncer à cette relation si précieuse qui nous a fait vibrer? Peut-être peut-on se dire que l'on a donné sa confiance trop vite, sans voir, sans vouloir voir, au fond parce que l'on avait besoin de cette personne. J'ai beaucoup réfléchi sur cette notion de "besoin". Je voyais dans le regard de ceux qui cherchaient à m'aider, qu'eux, ils savaient, et que moi, je refusais de voir. L'autre n'est pas là pour s'occuper de nos besoins. Erreur fatale!! Remettre sa vie dans les mains d'un autre, c'est prendre le risque à 100% de souffrir un jour. Papa, maman, ne se retrouve pas dans ces autres que l'on rencontre une fois adulte. Eh oui, c'est très dur à accepter. Un jour, on est grand, et c'est fini, il n'y aura plus de papa, de maman pour prendre soin de nous, nous nous retrouvons responsable de notre vie. Cette responsabilité, on l'a recherché quand on est enfant, on voulait être considéré comme un grand, mais un jour, nous voilà grand, livré dans ce monde qui ne nous fait pas toujours de cadeaux, et nous voilà partis à prendre, laisser, ce qui est bon pour nous, à faire des choix, à faire des erreurs. 

 

L'envie est grande de vouloir se venger de cet autre, à qui "on a donner sa vie" et qui nous abandonne, qui nous trahit, qui nous heurte, qui nous fait mal. La vengeance est une force que l'on porte avant tout en soi, et qui va nous abîmer avant même d'atteindre la cible. La vengeance nous laisse dans notre état de petit enfant impuissant, notre état de victime. Elle nourrit notre mauvais côté et laisse tout un pan de notre vie nous échapper. Elle nous maintien dans le passé, ce passé que l'on ne pourra pas refaire. 

 

Aucune raison de se laisser aller à nourrir le mauvais lion qui est en nous. La vie est un mélange de plus et de moins, de blanc et de noir. Ouvrir les yeux, ça peut faire mal, mais c'est aussi être projeté sur l'autre versant, avec une force surprenante, inattendue, sortie d'on ne sait où, d'autant plus puissante que l'on aura souffert, comme le ferait la corde tendu d'un arc sur une flèche. 

 

Pour cela, il faut abandonner. Ce n'est pas facile d'abandonner. On s'attache à ses croyances, comme si on n'était plus rien sans elles. Mais la vie est ouverture, dynamisme, fluidité, mouvance. Etre dans l'accueil, c'est être sûr d'avoir accès au meilleur du moment présent. Comme j'aime à le penser, on avance dans la vie avec son balluchon de bons souvenirs. Autant le remplir au cours du chemin, car parfois, on puise dans nos réserves. S'ouvrir à la vie, c'est être prêt à remplir son balluchon au fur et à mesure, et la vie est tellement généreuse, que presque chaque instant nous livrent des moments de joie. Essayer de dire "merci" à la vie chaque soir pour tous les petits moments de joie de la journée et vous verrez vite qu'ils sont plus nombreux que les moments de déception. Observez ensuite comme il est facile d'absorber, déguster, se nourrir de ces délicieux petits moments de plaisirs quotidiens, tellement facile qu'on y prête pas attention. 

 

Alors osons prendre le risque de donner, donner sans attendre en retour, donner comme si on libérait cette énergie qui nous reviendra toujours car elle est force de vie. Donner est une énergie qui rend tout le monde gagnant. Avez vous déjà imaginé votre petit cadeau donné à l'univers et qui part suivre sa route. Un bonjour, va donner le sourire à quelqu'un, qui va ensuite transmettre sa joie et l'énergie de votre bonjour va ainsi poursuivre sa route de personne en personne. Sympa non? 

 

Donner sans attendre de retour, c'est être sûr d'être gagnant, pas de déception car pas d'attente, et effet garanti. 

 

Tout ça, c'est de beaux mots, oui, je le vis aussi. On donne avec ce secret espoir d'être récompensé. Les désillusions ne nous empêchent pas de nous accrocher, voire de forcer l'autre à nous rendre coûte que coûte ce qu'on lui a donné. Alors, puisez à la source du quotidien auprès de ces personnes qui vous donne sans compter, qui vous donne avec la joie de donner, qui vous donne pour vous rendre heureux. On attend qu'on nous rende, mais on ne prend pas ce que l'on nous donne. Curieux paradoxe que l'humain qui a décidé que ce serait cette personne et non une autre, qui s'occuperait de nos besoins. 

 

Avez vous fait l'expérience de renverser un jour la vapeur juste pour voir, ou par désespoir, ou parce qu'un livre, une voix nous avait re-booster, et de répondre à une agression par le sourire, à la violence par l'amour. C'est une expérience à faire car c'est très instructif. On se rend alors compte que finalement, on est tous avec les même attentes, l'amour et la reconnaissance, et que nos réactions maladroites et excessives viennent tout droit, de nos blessures. Pansons nos plaies, plutôt que penser à nos plaies. Petit à petit les noeuds vont se défaire, nous libérer, et une paix profonde va s'installera en nous, tandis qu'une force tranquille faite de sincérité, d'honnêteté, de vérité, remplira peu à peu tout notre être et nous apportera la sécurité dont on a tant besoin. 

 

L'autre/moi, tandem indissociable de notre condition d'humain, qui fait de nous ce que nous sommes, source de richesse infinie et surprenantes, toxique que quand qu'on le veut bien. 

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27 décembre 2009 7 27 /12 /décembre /2009 16:18

http://www.ephphata.net/amour-et-tendresse/amour-01.html

Aimer, est-ce avant tout une émotion que l'on ressent naturellement ou un état intérieur auquel on accède à force de vigilance, d'effort et de conscience de soi-même et de l'autre ? Pour moi, le couple propose à chacun une formidable leçon pratique : comment apprendre à aimer ?

Après la phase d'amour passion -rencontre entre deux inconscients qui se choisissent- très vite arrive la période où l'un et l'autre, nous avons à apprendre à aimer.
Nous ne nous rencontrons pas par hasard. Dans un couple, l'un est le miroir de l'autre.
Pourquoi tombons-nous amoureux ? Parce que nous rencontrons une personne qui nous ressemble, et qui incarne dans sa vie des aspects que nous avons également en nous mais que nous n'osons développer.
Dans un couple, les deux partenaires sont des enseignants. Chacun est complémentaire et propose à la personne aimée des qualités à déployer. Un homme très mental va être attiré, par son complémentaire, une femme très affective et sentimentale, une femme d'action va "craquer" pour un homme plus sensible et tendre. Chacun peut apprendre à l'autre à développer les qualités qui sont en germe dans sa psyché.
Mais le couple devra un jour ou l'autre faire face à cette différence qui d'abord l'attirait avant d'être source de conflits. Dépasser cette période de malaise va permettre l'élaboration d'un couple uni, harmonieux, grandi grâce au don de chacun. Il est donc utile de pratiquer un équilibre entre introspection et communication : se comprendre et comprendre le ressenti et la façon de penser de l'autre.
Le couple nous met face à un challenge : accueillir "l'autre" qui arrive avec son histoire passée (N.d.l.r. - voire ses réincarnations), ses identifications à sa famille et à ses croyances. Deux mondes ont à se recevoir et à s'harmoniser pour créer un nouveau monde : le couple.
Pour cela, la création passe par la mise en observation de ses valeurs habituelles, d'une vigilance pour ne pas tomber dans des attitudes réflexes, héritages familiaux et comportements usuels qui nous empêchent de vivre une véritable intimité.

Aimer, c'est créer des liens, c'est l'apprentissage de la confiance, de l'engagement. C'est aussi accepter de se remettre en question, d'entrer en empathie avec l'être que l'on dit aimer. C'est savoir donner autant que recevoir, demander, mais aussi répondre à sa demande, être digne de sa confiance, et lui faire confiance. C'est accueillir ses fragilités et oser dévoiler les siennes, mais sans "jeux" ni de victime, ni de pouvoir.
Aimer, c'est trouver l'équilibre entre ses besoins et ceux de l'autre.
L'Empathie :
Une des grandes preuves d'amour, c'est pour moi la capacité à se mettre à la place de la personne aimée. Dès qu'il y a conflit, incompréhension, c'est souvent parce que nous ne voyons que notre point de vue, qu'un aspect des choses. Quand nous écoutons deux personnes en conflit, chacun plaide pour sa façon d'aborder l'événement. Le couple devient initiatique quand nous acceptons d'envisager que chaque difficulté, chaque conflit est une marche vers encore plus d'intimité et de confiance. Si je peux me mettre à la place de mon partenaire et comprendre ce qu'il ressent, ce qu'il comprend, je saurai l'aimer avec encore plus de tendresse. Comprenons bien que la plupart de nos conflits viennent avant tout de réactions émotionnelles reliées elles-mêmes à nos passés, aux souffrances que nous n'avons pas encore lâchées.
En fait, nous sommes à la fois des individus uniques et extrêmement proches les uns des autres.
Nous ressentons tous les mêmes émotions, les mêmes désirs, nous avons tous besoin d'être aimés et acceptés tels que nous sommes.

Essayez donc lors du prochain conflit, de vous placer en observateur et de regarder l'événement avec du recul :
• Observez-vous : comment était placé votre corps physique ? Quels étaient vos gestes ? Etiez-vous tendu ? Comment était votre visage ? Que disiez-vous à votre partenaire avec vos expressions corporelles ?
• Observez vos émotions : Quelle émotion ressentiez-vous ? D'où venait cette émotion, était-elle liée à des événements de votre passé lointain ou proche… à votre présent… à votre futur ?…
• Puis, placez-vous -en imagination- dans la psychologie de votre partenaire. Comme pour vous, observez son corps et son visage. Qu'indiquent ses expressions corporelles ? Pouvez-vous imaginer l'émotion qu'il ressentait ? Cette émotion peut-elle avoir été en relation avec un événement de son passé ?
• Observez vos pensées ; observez ses pensées… Et essayez de voir de quoi vous informent-elles ?
Et maintenant, une fois que vous avez pu observer les sources de vos fonctionnements, pouvez-vous imaginer que vous auriez réagi autrement ? Qu'auriez-vous pu changer dans vos paroles, vos gestes, votre attitude, en tenant compte du ressenti émotionnel de la personne que vous aimez, de ses peurs, de ses fragilités, de son passé et de ses croyances ?
Revisualisez la scène, en la rendant la plus vivante possible, et voyez-vous en train d'adopter un comportement pleinement aimant et accueillant, de façon à communiquer avec ouverture et compréhension afin que la relation s'établisse sur un mode harmonieux. Imaginez votre attitude corporelle accueillante et détendue, votre monde émotionnel chaleureux et illuminé par la chaleur de votre cœur. Imaginez que vous cultivez des pensées bienveillantes…

Si vous faites cet exercice après chaque conflit, vous vous apercevrez que petit à petit, vos relations s'harmoniseront, que vous regardez votre partenaire avec amour et bienveillance. Vous apprendrez à aimer, à accueillir l'autre avec ses différences… Vous vous ferez beaucoup d'amis. Car, que cherchons-nous, tous, si ce n'est être acceptés et compris sans être jugés ?

L'amour attire l'amour.

J'ai écrit ce livre pour qu'il vous accompagne dans cette initiation qui mène à une transformation intérieure et à une véritable intimité dans le couple.

Marie-Odile STEINMANN
Le Parc
3, rue de la Liberté
78280 GUYANCOURT


Extrait de la revue « Pluriel Nature » n° 33

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27 décembre 2009 7 27 /12 /décembre /2009 12:51

Aimer c'est aussi accepter d'être vulnérable. Et pour cela, il faut être fort/e intérieurement. Afin que l'on aime non pas parce que l'on a besoin de l'autre, mais que l'on choisisse d'être vulnérable face à l'autre parce qu'on l'aime, c'est toute une nuance ! Ainsi l'amour se vit et s'épanouit dans la liberté et la confiance mutuelle et réciproque dont elle est la base de tout lien significatif qui permet la croissance.

http://www.psycho-ressources.com/bibli/chronique-sur-lamour.html

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14 décembre 2009 1 14 /12 /décembre /2009 09:18

Source : http://www.soleil-levant.org/presse/article.php3?id_article=94

 

   

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Il s'agit là de quelques balises qui devraient nous permettre, lorsqu'on vit en couple, d'éviter de nombreux pièges et de ne pas entretenir des malentendus ou des conflits qui usent, qui stérilisent à la longue une relation.

De ne pas violenter aussi une relation qui, au départ, était importante pour chacun des partenaires et qui était surtout porteuse d'un projet de vie à long terme.

* Au moment de s'engager, dans un projet de vie en couple, se demander mutuellement : quelles sont tes attentes, tes apports et tes zones d'intolérance. En partageant ces trois interrogations, nous allons constater au delà de nos différences, quelques unes de nos divergences. " Au delà des sentiments que j'éprouve, quels sont dans cette relation mes apports ? Quelles sont mes attentes et quelles sont mes zones d'intolérance ou de fragilité ?" * Se rappeler que pour s'allier il faut être délié. Cela veut dire avoir mis suffisamment de distance dans les relations qui ont pu être importantes pour nous dans une période sensible de notre vie. « Si l'un est encore trop attaché à d'anciennes relations significatives ( papa, maman, relation amoureuse antérieure...) il lui sera difficile de s'allier et donc de s'engager ! » * Apprendre à parler à l'autre et non sur l'autre « Je te préfère en jupe plutôt qu'en pantalon » et non « Tu devrais porter plus souvent des jupes ! » Autrement dit éviter la relation klaxon. à base de « tu, tu, tu... » enfin de ne plus définir l'autre et renoncer à le faire entrer, à tout prix, dans notre désir. *Veiller à s'intéresser à celui qui parle et non à ce dont il parle. Ce n'est pas le problème qui est important. Ce qui est important : c'est celui qui le vit ! Comment il le vit, qu'est ce qu'il éprouve et surtout à quoi cela le renvoie-t-il dans son histoire ? * Se rappeler que ce n'est pas ce que dit l'autre, ou ce qu'il n'a pas dit, à fait ou n'a pas qui est central, mais ce qui est touché, ce qui résonne en nous et nous renvoie à des zones blessées, douloureuses de notre vie. * Accepter mutuellement de faire cohabiter une double intimité : intimité commune et partagée (« il y a des choses que je vais vivre avec toi ») et une intimité personnelle et réservée ( « il y a des choses que je vais vivre sans toi ! Ce qui ne veut pas dire contre toi ! ») * Ne pas confondre sentiment et relation. L'amour ne sera pas suffisant à maintenir deux êtres ensemble. Si l'un envoie des messages toxiques, dévalorisants ou violents, c'est la personne elle même qui est menacée et qui sera amenée à se protéger en trouvant la bonne distance. « Tu me dis m'aimer mais je ne ressens pas la relation que tu propose comme bonne pour moi. Je la sens parfois contraignante, invivable ou aliénante. Je te sens anxieux, possessif, jaloux ou non autonome et j'ai le sentiment que tu fais dépendre de moi, et de moi seule, la satisfaction de tes besoins les plus élémentaires ! J'ai l'impression d'être au service de tes désirs et de tes peurs ! »

* Etre le plus clair possible sur la dynamique amoureuse que je propose. Suis je dans un amour de besoin ( mon « je t'aime » signifiant « surtout aime moi ! » Suis-je dans un amour de peur ( mon « je t'aime » signifiant « surtout ne me quitte pas » Suis je dans un amour de consommation, (mon « je t'aime » signifiant « j'aime l'amour que tu as pour moi ! ») * Apprendre à dire son ressenti et au delà entendre les blessures anciennes qui sont réveillées par une parole, un geste, un comportement de l'autre qui sert de détonateur et qui nous fait violence sans qu'il en soit conscient. « Oui je me suis senti blessé l'autre jour, quand je t'ai entendu dire devant des amis « oh lui on ne peut rien lui demander, il ne sait même pas planter un clou ! » »

* Se rappeler que communiquer signifie mettre en commun, autour de 4 démarches fondamentales : demander, donner, recevoir, refuser. Puis- je apprendre à demander sans reproche, sans plainte, sans exigences déguisée en prenant le risque de la réponse de l'autre ! Y compris une réponse qui me frustre et qui n'entre pas dans mes désirs ! Puis je apprendre à recevoir sans minimiser, disqualifier ou banaliser ce qui me vient de l'autre ! Puis-je apprendre à donner "gratuitement" sans troc, sans contrepartie, sans culpabilisation de l'autre pour tout ce que j'ai fait pour lui ! Puis je apprendre à refuser, à dire non. Non contre l'autre, mais pour moi, pour me respecter, quand ce qui m'est proposé ne correspond pas à mon positionnement de vie ! * Ne jamais oublier que nous sommes toujours trois dans une relation : l'autre, moi et la relation qui nous relie.. Qu'une relation doit être nourrie, entretenue, vivifiée par des attentions, des soins et du respect.

* Une relation vivante a besoin d'une alternance des positions d'influence. "Je veux bien être influencé par toi, à certains moments, mais il est important pour moi de sentir que je peux aussi t'influencer dans d'autres circonstances. Que ce n'est pas toujours le même qui définit la relation."

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14 décembre 2009 1 14 /12 /décembre /2009 08:59

Source : http://www.soleil-levant.org/presse/article.php3?id_article=121

Hommes et femmes ont parfois du mal à se comprendre....

Par Paul Dewandre

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Les mots utilisés par les hommes sont différents de ceux utilisés par les femmes... Paul Dewandre, qui propose des séminaires sur les relations hommes-femmes selon la méthode de Martin Gray, nous argumente ce fait par des exemples précis et nous apprend à adopter le langage de l'autre pour mieux l'aimer...

Une des différences notables entre les hommes et les femmes est l'utilisation des mots, qui n'est pas la même pour les unes et pour les autres. Si nous parlions une langue différente, ce serait plus clair, nous saurions que nous avons besoin d'un dictionnaire pour converser. On connaît maintenant tous, en Belgique, l'importance d'être bilingue et l'on incite nos enfants à apprendre d'autres langues. On sait qu'il faut parfois un peu de temps pour les assimiler et les maîtriser. Il en va de même dans nos relations avec l'autre sexe, avec malgré tout une différence importante : les mots utilisés sont les mêmes, rendant plus difficile la perception que la langue n'est pas la même.

Quand un homme parle, il est plutôt attaché aux faits.

Son but est d'exprimer une idée, le plus précisément possible. Il est plutôt rationnel et souhaite montrer sa compétence. Le côté féminin est davantage attaché à exprimer le ressenti. Le besoin d'une femme est avant tout de se sentir comprise dans les émotions qu'elle vit. Un petit exemple : deux femmes parlent entre elles et l'une dit à l'autre « Oh, les embouteillages sont vraiment terribles en ce moment, j'ai mis deux heures pour aller chez le dentiste. » Le partenaire de cette femme entend cette conversation et ne peut alors s'empêcher de l'interrompre en disant quelque chose comme : « Mais non ma chérie, tu n'as pas mis deux heures, puisque tu est partie à deux heures quatorze et que tu es arrivée à l'heure à ton rendez-vous qui était à trois heures moins le quart. Si tu calcules bien, cela fait trente et une minutes ! Pourquoi dis-tu deux heures quand en réalité tu n'as passé que trente et une minutes ? » L'autre femme qui est en face se demande bien pourquoi cet homme intervient dans leur conversation. Elle a bien compris que quand son amie lui dit « deux heures », elle n'est pas en train de parler du temps exact, mais du temps que cela lui a paru. Elles se situent sur un plan émotionnel, partageant le sentiment lié à la durée du trajet. Elles ne sont pas intéressées par le temps exact qui s'est écoulé.

Beaucoup de discussions inutiles et stériles peuvent naître de ces malentendus.

Les hommes ont tendance à trouver que les femmes « exagèrent ». Pourtant, il ne s'agit pas d'exagération, mais d'un niveau de communication différent. Personne n'a ni raison, ni tort, ils ne parlent tout simplement pas de le même chose.

Un autre exemple : Catherine se lève le matin, va vers son placard, l'ouvre, regarde ses vêtements pendant quelques minutes et puis dit à Jacques, son compagnon : « Je n'ai rien à me mettre ! ». Jacques peut être interloqué par cette remarque qu'il ne comprend pas : « Comment peux-tu dire que tu n'as rien à te mettre, ton placard est plein de vêtements, sans parler des cartons et des penderies au grenier ! » Cette remarque peut frustrer Catherine qui risque de répondre et continuer alors une conversation qui prendra une tournure délicate, sans qu'aucun des deux ne comprenne ce qui a pu se passer. En fait, Jacques est encore une fois attaché aux faits. Pour lui ne rien avoir à se mettre ne peut se dire que dans le cas où il n'y a pas de vêtements dans l'armoire. Catherine n'exagère pas, elle partage un sentiment. Quand une femme s'habille, elle recherche avant tout des vêtements qui correspondent à son humeur du moment. En réalité, par les mots « Je n'ai rien à me mettre », elle signifie : « Je ne trouve rien qui correspond à mon humeur ce matin. » Certains hommes croient aider leur partenaire en leur suggérant par exemple de choisir leurs vêtements la veille. C'est impossible lorsqu'elle ne sait encore comment elle se sentira le lendemain ! Lors d'un atelier, une femme témoignait : « Il m'arrive de laisser traîner mes affaires le soir en allant me coucher. Et quand je me réveille le lendemain matin et que je vois ces vêtements, je me demande comment j'ai pu porter cela la veille. »

C'est dans cette perspective qu'une femme peut prendre « plus que nécessaire » quand elle part en week-end ou en vacances. Un homme rationnel aura tendance à calculer au plus juste. Son efficacité se mesure à sa capacité à ne pas s'embarrasser de « superflu ». Cette différence d'approche est source de problèmes dans une relation car la femme souhaite, elle, prendre plus de vêtements pour pouvoir avoir le choix et mettre ce qui lui convient en fonction des circonstances, des gens rencontrés, du temps, .... Comprendre cette différence peut réduire un nombre de frustrations, car bien souvent, on va accuser de « mentir » ou de ne pas « écouter », et l'autre, restant dans sa logique propre trouve cette attaque totalement injustifiée et voit son ressentiment grandir. Une fois ce cercle vicieux enclenché, il risque, passant de blessures en revanches, de créer un climat de plus en plus hostile dans les relations. En comprenant ces différences, en parlant mieux la langue de l'autre, on crée alors un cercle vertueux qui rapproche les partenaires au fil du temps.

 

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13 décembre 2009 7 13 /12 /décembre /2009 12:59

Source : http://mapage.noos.fr/plegarrec/secrets-amour-genereux.html

  1. A t-elle les qualités physiques émotionnelles, intellectuelles et spirituelles de celle qui partagera votre vie ?
  2. La respectez-vous ?
  3. Qu'allez-vous pouvoir lui donner pour répondre à ses besoins ?
  4. Cette personne est-elle votre meilleur(e) ami(e) ? Avez-vous des ambitions et des objectifs communs, des valeurs et des croyances que vous partagez ?
  5. Lorsque vous vous enlacez, éprouvez-vous le sentiment d'appartenir l'un à l'autre ?
  6. Accordez-vous à l'autre personne et vous accorde t-elle l'espace et la liberté nécéssaires pour évoluer et apprendre ?
  7. Pouvez-vous communiquer honnêtement et ouvertement entre vous ?
  8. Etes-vous tous les deux engagés dans cette relation ?
  9. Vos sentiments envers cette personne et envers cette relation sont-ils forts et passsionés ? Est-ce que cette personne a plus d'importance pour vous que tout autre chose ?
  10. Vous faîtes-vous mutuellement et entièrement confiance ?
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4 août 2009 2 04 /08 /août /2009 10:05

Quand je suis enfermée dans ma bulle, je gère, je contrôle. Bien-sûr, j’éprouve un manque affectif, je dois faire taire mes besoins, mais le grand avantage est que l’équilibre trouvé ne dépend plus de personne, que de moi-même.

Combien de temps peut-on rester comme ça et quel sens peut avoir cette vie là ?

Il m’a semblé intéressant d’avoir l’expérience de cette bulle comme refuge et de faire des sorties à l’extérieur, sachant que je pourrais ensuite me replier si je me sentais mal.

Ai-je vraiment choisi d’en sortir ? Je pense plutôt que je me suis laissé tenter.

Il y avait dans ses mots ou sa façon d’être quelque chose que je connais bien et que j’ai cependant du mal à définir. Je pourrais mettre quelques mots dessus, mais ces mots sont limitatifs, incomplets, manqueraient de profondeur. C’est très curieux, j’étais dans cette relation d’écoute et de soutien, puis d’un seul coup, un autre style de relation s’est surajouté, contenant de l’intime, du désir, du jeu. Je me suis trouvée devant deux personnages différents tout en parlant à la même personne. Et en une fraction de seconde, en moi ça a dit oui. Oui à : ce que je sens en toi, si tu me donnes, oui je le veux. Et là, a commencer un échange à un niveau plus profond, plus intime, dans le ressenti, là où se situe les peurs, les doutes. Je devais calmer ses peurs, ses doutes, pour que tu puisses venir jusqu’à moi. Et tu es venu jusqu’à moi.

Et bien maintenant, il y a toi et moi. Mon désir de toi me violente, il me prend le ventre et me serre. Je ne pense plus qu’à toi, sans cesse, ça en devient fatiguant. Tes yeux sont là devant moi, ils me regardent, ils me parlent, ils m’observent. Ta voix, ton rire m’accompagnent.

J’avais fait cette expérience au mois de juin de l’attente d’un coup de téléphone. Une journée à attendre en essayant de ne pas attendre, mais en attendant malgré tout. En cherchant sur les sites, j’avais trouvé : il y a déception quand il y a attente, et il y a attente quand il y a un besoin. Cette explication m’arrangeait bien car elle me permettait de travailler ma difficulté tout en restant indépendance de l’action d’un autre.

Mais voilà, un bonheur inespéré m’est tombé dessus, il m’a été donné, cadeau, « présent », il m’a été donné pour 3 jours et me sera redonné après un tout petit délai d’attente de 5 jours. Me voilà pris au piège d’un désir partagé, d’un bonheur à deux. Je sais qu’il me faut le prendre quand il est là et accepter déjà de lâcher, puisqu’il fait intervenir un autre que moi, que je dois respecter, protéger puisqu’il est cet autre qui me donne du bonheur.

Comment désirer et combattre en même temps cette envie de posséder l’autre.

W, quand je lis ton blog, je me recentre sur moi, ça me fait du bien, mais en même temps, j’efface l’autre. Je ne sais plus comment raisonner, moi, l’autre, l’autre et moi…

Recherches sur le net :

http://pagesperso-orange.fr/philo.record/desir/desir.htm

I. Le désir, preuve de la misère de l'homme

1. Source des désirs

Nos désirs expriment bien souvent des besoins qui n'ont rien de très noble. Mais si l'on s'interroge sur la source de nos désirs, on verra que même les plus reconnus d'entre eux ont une origine qui nous ramène à notre condition d'être vivants. Tout désir a sa racine dans le corps.

C'est ainsi que Freud montre que nos désirs ne sont que l'expression de pulsions sexuelles… Parmi les moyens détournés que trouvent les pulsions pour se satisfaire de façon symbolique: la sublimation. Dans l'impossibilité de posséder l'objet réel, on se satisfait de façon symbolique. Ainsi le désir peut trouver un exutoire dans la création, artistique ou littéraire. Les désirs tenus pour les plus nobles auraient donc des origines moins glorieuses.

2. Le désir, signe d'un manque

Tout désir est toujours le signe d'une insatisfaction. Tout désir est le signe d'un manque. Si je désire quelque chose, c'est que je ne le possède pas.

Entre savoir et ignorance, Amour est intermédiaire. Voici ce qui en est. Parmi les dieux, il n'y en a aucun qui s'emploie à philosopher, aucun qui ait envie de devenir sage, car il l'est; ne s'emploie pas non plus à philosopher, quiconque d'autre est sage. Mais pas davantage les ignorants ne s'emploient, de leur côté, à philosopher, et ils n'ont pas envie de devenir sages; car ce qu'il y a précisément de fâcheux dans l'ignorance, c'est que quelqu'un, qui n'est pas un homme accompli et qui n'est pas non plus intelligent, se figure l'être dans la mesure voulue: c'est que celui qui ne croit pas être dépourvu n'a point envie de ce dont il ne croit pas avoir besoin d'être pourvu.
- Quels sont donc alors, Diotime, m'écriai-je, ceux qui s'emploient à philosopher, si ce ne sont ni les sages, ni les ignorants ?
- La chose est claire, dit-elle, et même déjà pour un enfant! Ce sont ceux qui sont intermédiaires entre ces deux extrêmes, et au nombre desquels doit aussi se trouver Amour. La sagesse en effet est évidemment parmi les plus belles choses, et c'est au beau qu'Amour rapporte son amour; d'où il suit que, forcément, Amour est philosophe, et étant philosophe, qu'il est intermédiaire entre le savant et l'ignorant.

PLATON, le Banquet

Désirer, c'est tendre vers quelque chose que l'on ne possède pas encore. Je ne désire que ce dont je manque. Celui qui atteint son but cesse de désirer. Par exemple, si la philosophie est l'amour du savoir, elle n'est donc pas le savoir lui-même, la possession de la vérité, mais l'effort pour l'atteindre. C'est pourquoi ce texte, dont l'objet est apparemment la philosophie, comporte aussi une réflexion sur le désir. Si la philosophie est amour du savoir, elle est donc le signe d'une ignorance, d'un manque de savoir. Le désir est donc nécessairement, par définition, le signe d'un manque, le signe que je m'éprouve moi-même comme incomplet, inachevé, imparfait. Les dieux ne désirent pas savoir, contrairement aux philosophes, parce qu'ils savent déjà. De façon générale, si Dieu est un être parfait, il ne doit rien désirer, parce qu'il ne manque de rien. Dieu est un être sans désirs, ou bien il serait imparfait. Le désir est contraire à sa nature. Le désir, c'est le signe que nous ne sommes pas divins, c'est le signe de ce que Pascal appelle la misère de l'homme, sa finitude.
Cette insatisfaction est radicale, elle tient à la racine même de notre être. Il ne s'agit pas d'une insatisfaction passagère, comme il arrive lorsque je suis privé d'un objet particulier. Cette insatisfaction est permanente et ne peut jamais être comblée. Le désir est infini, illimité. Cela nous condamne du même coup à être toujours insatisfaits, jamais contentés, toujours malheureux.

3. Le cycle du désir

La satisfaction ne met pas fin au désir, ou seulement pour un temps réduit. Le désir se renouvelle aussitôt. En effet, la satisfaction d'un désir implique toujours une déception. Dans l'attente, j'ai tendance à idéaliser l'objet. Lorsque je le possède, il déçoit mon espérance. De plus, la satisfaction est décevante parce qu'elle est éphémère. Ainsi, dit-on, le meilleur jour de la fête, c'est la veille, ce sont les préparatifs. Mallarmé évoque "le parfum de tristesse que laisse la cueillaison d'un rêve au cœur qui l'a cueilli" (Apparition). Non seulement le désir renaît, mais il se renforce et devient de plus en plus exigeant. C'est ce qu'avait noté Epicure au sujet des désirs non nécessaires: ils suscitent un effet d'accoutumance, de sorte que l'on devient toujours plus difficile. Platon aussi compare l'âme du passionné à un vase percé: il est impossible de le remplir. Le désir ne peut jamais être comblé, il est insatiable. Il y a une surenchère du désir. Le cas particulier du collectionneur est typique du désir en général: il n'est jamais satisfait, la pièce la plus précieuse de sa collection, c'est toujours celle qui lui manque. Nous sommes finalement tous comme Don Juan, représenté par Molière ou Mozart. Il collectionne les femmes. Mais aucune conquête ne met jamais fin à son désir. Mais après quoi court donc Don Juan? L'objet de son désir ne saurait être telle ou telle femme en particulier, puisqu'aucune ne suffit jamais à le combler. On peut dès lors soupçonner que l'objet du désir n'est qu'en apparence le but poursuivi. Le but réel du désir, c'est le désir lui-même. L'objet n'est qu'un prétexte. Le désir, en réalité, est désir du désir, comprenons: désir de la prolongation du désir. Si le désir visait réellement sa propre satisfaction, son renouvellement perpétuel serait incompréhensible. Le désir vise autre chose que l'acquisition ou la possession. Comment expliquer autrement notre préférence pour le désir et l'attente que pour la satisfaction elle-même? On l'a dit, nous prenons davantage de plaisir aux préparatifs ou aux préliminaires. Pascal écrit que nous préférons "la chasse à la prise": ce qui fait courir le chasseur, c'est plutôt le plaisir de la traque que celui de tuer l'animal. C'est pourquoi aussi le désir se donne des obstacles, afin de se prolonger lui-même. "Retarder le plaisir, n'est-ce pas la ruse la plus élémentaire du désir?" (D. de Rougemont, l'Amour et l'Occident). Le désir ruse en vue de se perpétuer. Le désir s'éteint dans la possession: "l'amour heureux n'a pas d'histoire". En revanche, la passion se magnifie dans la difficulté. Amour impossible. Amour courtois. Cf A. Jardin, Fanfan. Le désir est donc une sorte de fuite, de fuite en avant. Que fuyons-nous? Une réalité décevante. (le désir idéalise). La satisfaction du désir n'engendre pas le bonheur, car elle cesse bientôt, et laisse place à la déception et à l'ennui. Le désir est désir de fuir l'ennui. L'ennui nous paraît redoutable, parce qu'il laisse l'esprit libre de méditer. Or, toute méditation nous conduit à des pensées tristes, comme celle de la mort. Nous fuyons donc dans un désir sans objet - peu importe l'objet, puisque c'est le désir lui-même qui compte - afin de trouver un divertissement.

Cela conduit à penser l'homme comme une créature misérable. Plutôt qu'un être, il est un non-être, un vide, un manque qui se creuse à mesure qu'il essaie de se combler. Toutefois, on ne saurait en rester là. La théorie freudienne, qui réduit tout désir au besoin sexuel, a été critiquée même par ses disciples en particulier C.G.Jung). Et si le désir est sans doute signe d'une imperfection, il révèle en même temps que l'homme est capable de se représenter une idée de la perfection. Si j'éprouve sans cesse de nouveaux désirs, pourra-t-on dire, c'est que je me projette vers une certaine idée de la perfection.

II. Le désir, signe de la grandeur de l'homme

1. Une soif d’absolu

Le désir, comme on l'a vu, ne se satisfait pas de la possession d'un objet particulier. C'est donc que la visée du désir dépasse cet objet particulier, que le désir a une fin plus haute. S'il est impossible à satisfaire, c'est peut-être parce que nous cherchons en réalité autre chose. Le sens du désir ne s'épuise pas dans la possession de l'objet. Cela vient peut-être de ce que le désir a pour but un absolu, un idéal, qui par définition ne peut être atteint. Le désir serait donc en fait l'indice de la présence en nous d'un besoin d'absolu. Il révélerait que l'homme est un "animal métaphysique", qu'il a une soif métaphysique. La quête désespérée de Don Juan pourrait être l'expression d'une recherche métaphysique, dont il n'a pas conscience, ou dont il refuse de reconnaître la réalité[note 1].
C'est ainsi que Platon représente le désir: il est une initiation à la métaphysique. Le désir est le signe d'un manque, mais d'un manque d'absolu. Le désir, de degré en degré, nous élève à la sagesse. Tout commence par le désir d'un corps. Ce désir ne peut jamais être comblé. Les amants s'étreignent comme s'ils ne voulaient faire qu'un, mais la fusion parfaite est impossible. La "possession" n'est qu'une façon de parler. C'est pourquoi, du désir des beaux corps, on s'élèvera à l'amour des belles âmes, on s'intéressera davantage à la "beauté intérieure", à la beauté morale. Ainsi, on découvre d'autres formes de beauté. De là, on commencera à chercher ce qu'il y a de commun à tout ce qui est beau. De la beauté de tel corps ou de telle âme, on passera à la découverte de la beauté en elle-même, à la contemplation de la beauté en soi, à l'idée de beauté. On arrivera ainsi à la contemplation des Idées, qui sont pour Platon la vérité. Si le désir est sans fin, c'est qu'il nous invite à chercher au-delà de la chair. Le désir physique nous porte vers le désir de vérité - la philosophie elle-même est un désir, l'amour de la sagesse. Saint Augustin en tirera une interprétation théologique. Cet absolu que nous cherchons à travers les étapes du désir, il le nomme Dieu: "Tard je vous ai aimée, Beauté si ancienne et si nouvelle, tard je vous ai aimée. C'est que vous étiez au-dedans de moi (...)ma laideur se jetait sur tout ce que vous avez fait de beau"(Confessions, livre X, ch. XXVII: Dieu est au-dedans de nous). Augustin s'est d'abord trompé sur le sens du désir, en voulant satisfaire ses désirs charnels. Puis il a compris que, au-delà de la beauté de la chair, c'est la beauté absolue qu'il faut aimer.
Le désir serait donc bien le signe d'un manque. Mais ce dont l'homme manque nous révèle quelles sont ses valeurs. "Toutes ces misères-là prouvent sa grandeur. Ce sont misères de grand seigneur, misères d'un roi dépossédé " (Pascal, Pensées, Br. 398). Il est le signe de la vocation (appel) de l'homme. Le désir serait finalement l'expression d'une nostalgie de Dieu sentie par l'homme, mais pas toujours consciente.

2 ; La volonté infinie

Le désir témoigne d'un manque. Mais en même temps, il révèle la grandeur des aspirations de l'homme. Il témoigne de la présence de quelque chose de divin en l'homme. Si l'homme est limité, il y a du moins une faculté, en lui, qui elle est illimitée, c'est sa volonté. Descartes le remarque: notre entendement est fini; mais la volonté, elle, est infinie. C'est une faculté absolument libre, que rien ne saurait contraindre. Par conséquent, je peux vouloir n'importe quoi, je peux tout vouloir. De même, le désir n'a pas de limite. On peut tout désirer, même l'impossible, par exemple désirer l'immortalité. Descartes y voit comme la trace en nous de notre origine divine, la marque ou la signature laissée par le fabriquant sur son œuvre. Il y a en nous une faculté qui nous rapproche de Dieu et nous apparente à lui, c'est précisément le désir.

"Borné dans sa nature, infini dans ses vœux,
L'homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux"
(Lamartine)
III. Le désir, signe de l'humanité de l'homme
On peut trouver naïve l'idée que le désir témoigne en nous de la présence de Dieu. Mais la thèse de Platon présente l'intérêt de souligner ceci, que le désir nous porte au-delà. En fait, le désir est à l'image de l'homme et de la condition humaine. Il est un parfait exemple de ce qu'est l'existence humaine. Le désir est typique de la façon d'être particulière qui est celle de l'homme. En cela, il porte témoignage de l'originalité de cet être qu'est l'homme. Il révèle chez l'homme certaines facultés qui lui sont propres. Que doit être l'homme pour être capable de désirer? A quelles conditions un être est-il capable de désir?

Le désir suppose la possibilité de concevoir autre chose que le réel présent. Pour désirer - ce qui n'est pas, ou pas encore -, il faut être capable de se détacher de l'actuel pour concevoir l'autre, le possible. Cela suppose donc une certaine liberté de la part de l'homme, celle de s'arracher à l'emprise du présent. Le désir implique la conscience d'un avenir possible, donc la capacité pour le sujet de n'être pas limité à ce qu'il est à l'instant, mais de se projeter vers des possibles. Pour avoir conscience de ce qui me manque, encore faut-il d'abord que j'aie conscience de moi-même, et que cette conscience ne se confonde pas simplement avec le sentiment immédiat de ce que l'on est, mais qu'elle implique aussi la capacité de se détacher de soi pour se comparer à ce que l'on n'est pas, à ce que l'on pourrait être. Pour désirer, il faut que j'aie conscience de ce que je suis, mais aussi bien de ce que je ne suis pas encore, et que je sois capable de comparer mon être réel et actuel à cet être idéal futur. Le désir naît de la conscience d'un écart entre les deux. Certes, il signale que je suis en-deçà de ce moi idéal et plus parfait. Mais il constitue le remède. Il est un signe de ma misère, mais aussi le moyen de la dépasser. Il révèle la faculté de me projeter au-delà de ce que je suis. Tout homme existe en poursuivant des désirs, des rêves, des projets. Un homme n'est jamais simplement ce qu'il est à un instant " t ", mais il est toujours déjà plus loin, au-delà, sur la trace d'un nouveau but. D'ailleurs, on n'apprécie jamais d'être défini. On se trouve alors limité, réduit à un défaut ou une qualité. Ainsi, tout homme est sans cesse en projet de lui-même, en devenir. Cette faculté de se dépasser soi-même, c'est-à-dire de ne jamais se contenter de ce que l'on est, cette transcendance que le désir met au jour, est le mouvement même de l'existence humaine. (Transcendance: dépassement). L'homme est un éternel insatisfait. Mais c'est cela même qui caractérise une existence proprement humaine. L'homme, disent les existentialistes, se caractérise par l'existence. L'existence n'est pas le simple fait de vivre. C'est le fait d'être constamment en route. Le préfixe "ex" suggère un mouvement hors de (hors de soi). Le désir est inquiétude, au sens courant: il implique une tension, et une crainte. N'avoir pas de désir, c'est plus reposant. Mais il est aussi in-quiétude. L'inquiétude, selon l'étymologie, est l'absence de repos, le contraire du repos, donc le mouvement. L'homme est un être toujours en mouvement. "Notre nature est dans le mouvement, le repos entier est la mort" (Pascal, Pensées, Br. 129)
Conclusion
Le désir, certes, est le signe d'un manque d'être. L'homme est condamné à l'insatisfaction. Mais s'il est un éternel insatisfait, c'est parce qu'il existe au lieu de vivre une vie purement biologique. Toute conscience est tendue vers un avenir. Bien sûr, l'homme est loin d'être un dieu. Mais le désir révèle sa grandeur, qui est de ne pas être limité à son présent, fermé à tout devenir, mais au contraire ouvert aux possibles.

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4 août 2009 2 04 /08 /août /2009 09:12

Quand je suis enfermée dans ma bulle, je gère, je contrôle. Bien-sûr, j’éprouve un manque affectif, je dois faire taire mes besoins, mais le grand avantage est que l’équilibre trouvé ne dépend plus de personne, que de moi-même.

Combien de temps peut-on rester comme ça et quel sens peut avoir cette vie là ?

Il m’a semblé intéressant d’avoir l’expérience de cette bulle comme refuge et de faire des sorties à l’extérieur, sachant que je pourrais ensuite me replier si je me sentais mal.

Ai-je vraiment choisi d’en sortir ? Je pense plutôt que je me suis laissé tenter.

Il y avait dans ses mots ou sa façon d’être quelque chose que je connais bien et que j’ai cependant du mal à définir. Je pourrais mettre quelques mots dessus, mais ces mots sont limitatifs, incomplets, manqueraient de profondeur. C’est très curieux, j’étais dans cette relation d’écoute et de soutien, puis d’un seul coup, un autre style de relation s’est surajouté, contenant de l’intime, du désir, du jeu. Je me suis trouvée devant deux personnages différents tout en parlant à la même personne. Et en une fraction de seconde, en moi ça a dit oui. Oui à : ce que je sens en toi, si tu me donnes, oui je le veux. Et là, a commencer un échange à un niveau plus profond, plus intime, dans le ressenti, là où se situe les peurs, les doutes. Je devais calmer ses peurs, ses doutes, pour que tu puisses venir jusqu’à moi. Et tu es venu jusqu’à moi.

Et bien maintenant, il y a toi et moi. Mon désir de toi me violente, il me prend le ventre et me serre. Je ne pense plus qu’à toi, sans cesse, ça en devient fatiguant. Tes yeux sont là devant moi, ils me regardent, ils me parlent, ils m’observent. Ta voix, ton rire m’accompagnent.

J’avais fait cette expérience au mois de juin de l’attente d’un coup de téléphone. Une journée à attendre en essayant de ne pas attendre, mais en attendant malgré tout. En cherchant sur les sites, j’avais trouvé : il y a déception quand il y a attente, et il y a attente quand il y a un besoin. Cette explication m’arrangeait bien car elle me permettait de travailler ma difficulté tout en restant indépendance de l’action d’un autre.

Mais voilà, un bonheur inespéré m’est tombé dessus, il m’a été donné, cadeau, « présent », il m’a été donné pour 3 jours et me sera redonné après un tout petit délai d’attente de 5 jours. Me voilà pris au piège d’un désir partagé, d’un bonheur à deux. Je sais qu’il me faut le prendre quand il est là et accepter déjà de lâcher, puisqu’il fait intervenir un autre que moi, que je dois respecter, protéger puisqu’il est cet autre qui me donne du bonheur.

Comment désirer et combattre en même temps cette envie de posséder l’autre.

W, quand je lis ton blog, je me recentre sur moi, ça me fait du bien, mais en même temps, j’efface l’autre. Je ne sais plus comment raisonner, moi, l’autre, l’autre et moi…

Recherches sur le net :

http://pagesperso-orange.fr/philo.record/desir/desir.htm

I. Le désir, preuve de la misère de l'homme

1. Source des désirs

Nos désirs expriment bien souvent des besoins qui n'ont rien de très noble. Mais si l'on s'interroge sur la source de nos désirs, on verra que même les plus reconnus d'entre eux ont une origine qui nous ramène à notre condition d'être vivants. Tout désir a sa racine dans le corps.

C'est ainsi que Freud montre que nos désirs ne sont que l'expression de pulsions sexuelles… Parmi les moyens détournés que trouvent les pulsions pour se satisfaire de façon symbolique: la sublimation. Dans l'impossibilité de posséder l'objet réel, on se satisfait de façon symbolique. Ainsi le désir peut trouver un exutoire dans la création, artistique ou littéraire. Les désirs tenus pour les plus nobles auraient donc des origines moins glorieuses.

2. Le désir, signe d'un manque

Tout désir est toujours le signe d'une insatisfaction. Tout désir est le signe d'un manque. Si je désire quelque chose, c'est que je ne le possède pas.

Entre savoir et ignorance, Amour est intermédiaire. Voici ce qui en est. Parmi les dieux, il n'y en a aucun qui s'emploie à philosopher, aucun qui ait envie de devenir sage, car il l'est; ne s'emploie pas non plus à philosopher, quiconque d'autre est sage. Mais pas davantage les ignorants ne s'emploient, de leur côté, à philosopher, et ils n'ont pas envie de devenir sages; car ce qu'il y a précisément de fâcheux dans l'ignorance, c'est que quelqu'un, qui n'est pas un homme accompli et qui n'est pas non plus intelligent, se figure l'être dans la mesure voulue: c'est que celui qui ne croit pas être dépourvu n'a point envie de ce dont il ne croit pas avoir besoin d'être pourvu.
- Quels sont donc alors, Diotime, m'écriai-je, ceux qui s'emploient à philosopher, si ce ne sont ni les sages, ni les ignorants ?
- La chose est claire, dit-elle, et même déjà pour un enfant! Ce sont ceux qui sont intermédiaires entre ces deux extrêmes, et au nombre desquels doit aussi se trouver Amour. La sagesse en effet est évidemment parmi les plus belles choses, et c'est au beau qu'Amour rapporte son amour; d'où il suit que, forcément, Amour est philosophe, et étant philosophe, qu'il est intermédiaire entre le savant et l'ignorant.

PLATON, le Banquet

Désirer, c'est tendre vers quelque chose que l'on ne possède pas encore. Je ne désire que ce dont je manque. Celui qui atteint son but cesse de désirer. Par exemple, si la philosophie est l'amour du savoir, elle n'est donc pas le savoir lui-même, la possession de la vérité, mais l'effort pour l'atteindre. C'est pourquoi ce texte, dont l'objet est apparemment la philosophie, comporte aussi une réflexion sur le désir. Si la philosophie est amour du savoir, elle est donc le signe d'une ignorance, d'un manque de savoir. Le désir est donc nécessairement, par définition, le signe d'un manque, le signe que je m'éprouve moi-même comme incomplet, inachevé, imparfait. Les dieux ne désirent pas savoir, contrairement aux philosophes, parce qu'ils savent déjà. De façon générale, si Dieu est un être parfait, il ne doit rien désirer, parce qu'il ne manque de rien. Dieu est un être sans désirs, ou bien il serait imparfait. Le désir est contraire à sa nature. Le désir, c'est le signe que nous ne sommes pas divins, c'est le signe de ce que Pascal appelle la misère de l'homme, sa finitude.
Cette insatisfaction est radicale, elle tient à la racine même de notre être. Il ne s'agit pas d'une insatisfaction passagère, comme il arrive lorsque je suis privé d'un objet particulier. Cette insatisfaction est permanente et ne peut jamais être comblée. Le désir est infini, illimité. Cela nous condamne du même coup à être toujours insatisfaits, jamais contentés, toujours malheureux.

3. Le cycle du désir

La satisfaction ne met pas fin au désir, ou seulement pour un temps réduit. Le désir se renouvelle aussitôt. En effet, la satisfaction d'un désir implique toujours une déception. Dans l'attente, j'ai tendance à idéaliser l'objet. Lorsque je le possède, il déçoit mon espérance. De plus, la satisfaction est décevante parce qu'elle est éphémère. Ainsi, dit-on, le meilleur jour de la fête, c'est la veille, ce sont les préparatifs. Mallarmé évoque "le parfum de tristesse que laisse la cueillaison d'un rêve au cœur qui l'a cueilli" (Apparition). Non seulement le désir renaît, mais il se renforce et devient de plus en plus exigeant. C'est ce qu'avait noté Epicure au sujet des désirs non nécessaires: ils suscitent un effet d'accoutumance, de sorte que l'on devient toujours plus difficile. Platon aussi compare l'âme du passionné à un vase percé: il est impossible de le remplir. Le désir ne peut jamais être comblé, il est insatiable. Il y a une surenchère du désir. Le cas particulier du collectionneur est typique du désir en général: il n'est jamais satisfait, la pièce la plus précieuse de sa collection, c'est toujours celle qui lui manque. Nous sommes finalement tous comme Don Juan, représenté par Molière ou Mozart. Il collectionne les femmes. Mais aucune conquête ne met jamais fin à son désir. Mais après quoi court donc Don Juan? L'objet de son désir ne saurait être telle ou telle femme en particulier, puisqu'aucune ne suffit jamais à le combler. On peut dès lors soupçonner que l'objet du désir n'est qu'en apparence le but poursuivi. Le but réel du désir, c'est le désir lui-même. L'objet n'est qu'un prétexte. Le désir, en réalité, est désir du désir, comprenons: désir de la prolongation du désir. Si le désir visait réellement sa propre satisfaction, son renouvellement perpétuel serait incompréhensible. Le désir vise autre chose que l'acquisition ou la possession. Comment expliquer autrement notre préférence pour le désir et l'attente que pour la satisfaction elle-même? On l'a dit, nous prenons davantage de plaisir aux préparatifs ou aux préliminaires. Pascal écrit que nous préférons "la chasse à la prise": ce qui fait courir le chasseur, c'est plutôt le plaisir de la traque que celui de tuer l'animal. C'est pourquoi aussi le désir se donne des obstacles, afin de se prolonger lui-même. "Retarder le plaisir, n'est-ce pas la ruse la plus élémentaire du désir?" (D. de Rougemont, l'Amour et l'Occident). Le désir ruse en vue de se perpétuer. Le désir s'éteint dans la possession: "l'amour heureux n'a pas d'histoire". En revanche, la passion se magnifie dans la difficulté. Amour impossible. Amour courtois. Cf A. Jardin, Fanfan. Le désir est donc une sorte de fuite, de fuite en avant. Que fuyons-nous? Une réalité décevante. (le désir idéalise). La satisfaction du désir n'engendre pas le bonheur, car elle cesse bientôt, et laisse place à la déception et à l'ennui. Le désir est désir de fuir l'ennui. L'ennui nous paraît redoutable, parce qu'il laisse l'esprit libre de méditer. Or, toute méditation nous conduit à des pensées tristes, comme celle de la mort. Nous fuyons donc dans un désir sans objet - peu importe l'objet, puisque c'est le désir lui-même qui compte - afin de trouver un divertissement.

Cela conduit à penser l'homme comme une créature misérable. Plutôt qu'un être, il est un non-être, un vide, un manque qui se creuse à mesure qu'il essaie de se combler. Toutefois, on ne saurait en rester là. La théorie freudienne, qui réduit tout désir au besoin sexuel, a été critiquée même par ses disciples en particulier C.G.Jung). Et si le désir est sans doute signe d'une imperfection, il révèle en même temps que l'homme est capable de se représenter une idée de la perfection. Si j'éprouve sans cesse de nouveaux désirs, pourra-t-on dire, c'est que je me projette vers une certaine idée de la perfection.

II. Le désir, signe de la grandeur de l'homme

1. Une soif d’absolu

Le désir, comme on l'a vu, ne se satisfait pas de la possession d'un objet particulier. C'est donc que la visée du désir dépasse cet objet particulier, que le désir a une fin plus haute. S'il est impossible à satisfaire, c'est peut-être parce que nous cherchons en réalité autre chose. Le sens du désir ne s'épuise pas dans la possession de l'objet. Cela vient peut-être de ce que le désir a pour but un absolu, un idéal, qui par définition ne peut être atteint. Le désir serait donc en fait l'indice de la présence en nous d'un besoin d'absolu. Il révélerait que l'homme est un "animal métaphysique", qu'il a une soif métaphysique. La quête désespérée de Don Juan pourrait être l'expression d'une recherche métaphysique, dont il n'a pas conscience, ou dont il refuse de reconnaître la réalité[note 1].
C'est ainsi que Platon représente le désir: il est une initiation à la métaphysique. Le désir est le signe d'un manque, mais d'un manque d'absolu. Le désir, de degré en degré, nous élève à la sagesse. Tout commence par le désir d'un corps. Ce désir ne peut jamais être comblé. Les amants s'étreignent comme s'ils ne voulaient faire qu'un, mais la fusion parfaite est impossible. La "possession" n'est qu'une façon de parler. C'est pourquoi, du désir des beaux corps, on s'élèvera à l'amour des belles âmes, on s'intéressera davantage à la "beauté intérieure", à la beauté morale. Ainsi, on découvre d'autres formes de beauté. De là, on commencera à chercher ce qu'il y a de commun à tout ce qui est beau. De la beauté de tel corps ou de telle âme, on passera à la découverte de la beauté en elle-même, à la contemplation de la beauté en soi, à l'idée de beauté. On arrivera ainsi à la contemplation des Idées, qui sont pour Platon la vérité. Si le désir est sans fin, c'est qu'il nous invite à chercher au-delà de la chair. Le désir physique nous porte vers le désir de vérité - la philosophie elle-même est un désir, l'amour de la sagesse. Saint Augustin en tirera une interprétation théologique. Cet absolu que nous cherchons à travers les étapes du désir, il le nomme Dieu: "Tard je vous ai aimée, Beauté si ancienne et si nouvelle, tard je vous ai aimée. C'est que vous étiez au-dedans de moi (...)ma laideur se jetait sur tout ce que vous avez fait de beau"(Confessions, livre X, ch. XXVII: Dieu est au-dedans de nous). Augustin s'est d'abord trompé sur le sens du désir, en voulant satisfaire ses désirs charnels. Puis il a compris que, au-delà de la beauté de la chair, c'est la beauté absolue qu'il faut aimer.
Le désir serait donc bien le signe d'un manque. Mais ce dont l'homme manque nous révèle quelles sont ses valeurs. "Toutes ces misères-là prouvent sa grandeur. Ce sont misères de grand seigneur, misères d'un roi dépossédé " (Pascal, Pensées, Br. 398). Il est le signe de la vocation (appel) de l'homme. Le désir serait finalement l'expression d'une nostalgie de Dieu sentie par l'homme, mais pas toujours consciente.

2 ; La volonté infinie

Le désir témoigne d'un manque. Mais en même temps, il révèle la grandeur des aspirations de l'homme. Il témoigne de la présence de quelque chose de divin en l'homme. Si l'homme est limité, il y a du moins une faculté, en lui, qui elle est illimitée, c'est sa volonté. Descartes le remarque: notre entendement est fini; mais la volonté, elle, est infinie. C'est une faculté absolument libre, que rien ne saurait contraindre. Par conséquent, je peux vouloir n'importe quoi, je peux tout vouloir. De même, le désir n'a pas de limite. On peut tout désirer, même l'impossible, par exemple désirer l'immortalité. Descartes y voit comme la trace en nous de notre origine divine, la marque ou la signature laissée par le fabriquant sur son œuvre. Il y a en nous une faculté qui nous rapproche de Dieu et nous apparente à lui, c'est précisément le désir.

"Borné dans sa nature, infini dans ses vœux,
L'homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux"
(Lamartine)

III. Le désir, signe de l'humanité de l'homme

On peut trouver naïve l'idée que le désir témoigne en nous de la présence de Dieu. Mais la thèse de Platon présente l'intérêt de souligner ceci, que le désir nous porte au-delà. En fait, le désir est à l'image de l'homme et de la condition humaine. Il est un parfait exemple de ce qu'est l'existence humaine. Le désir est typique de la façon d'être particulière qui est celle de l'homme. En cela, il porte témoignage de l'originalité de cet être qu'est l'homme. Il révèle chez l'homme certaines facultés qui lui sont propres. Que doit être l'homme pour être capable de désirer? A quelles conditions un être est-il capable de désir?

Le désir suppose la possibilité de concevoir autre chose que le réel présent. Pour désirer - ce qui n'est pas, ou pas encore -, il faut être capable de se détacher de l'actuel pour concevoir l'autre, le possible. Cela suppose donc une certaine liberté de la part de l'homme, celle de s'arracher à l'emprise du présent. Le désir implique la conscience d'un avenir possible, donc la capacité pour le sujet de n'être pas limité à ce qu'il est à l'instant, mais de se projeter vers des possibles. Pour avoir conscience de ce qui me manque, encore faut-il d'abord que j'aie conscience de moi-même, et que cette conscience ne se confonde pas simplement avec le sentiment immédiat de ce que l'on est, mais qu'elle implique aussi la capacité de se détacher de soi pour se comparer à ce que l'on n'est pas, à ce que l'on pourrait être. Pour désirer, il faut que j'aie conscience de ce que je suis, mais aussi bien de ce que je ne suis pas encore, et que je sois capable de comparer mon être réel et actuel à cet être idéal futur. Le désir naît de la conscience d'un écart entre les deux. Certes, il signale que je suis en-deçà de ce moi idéal et plus parfait. Mais il constitue le remède. Il est un signe de ma misère, mais aussi le moyen de la dépasser. Il révèle la faculté de me projeter au-delà de ce que je suis. Tout homme existe en poursuivant des désirs, des rêves, des projets. Un homme n'est jamais simplement ce qu'il est à un instant " t ", mais il est toujours déjà plus loin, au-delà, sur la trace d'un nouveau but. D'ailleurs, on n'apprécie jamais d'être défini. On se trouve alors limité, réduit à un défaut ou une qualité. Ainsi, tout homme est sans cesse en projet de lui-même, en devenir. Cette faculté de se dépasser soi-même, c'est-à-dire de ne jamais se contenter de ce que l'on est, cette transcendance que le désir met au jour, est le mouvement même de l'existence humaine. (Transcendance: dépassement). L'homme est un éternel insatisfait. Mais c'est cela même qui caractérise une existence proprement humaine. L'homme, disent les existentialistes, se caractérise par l'existence. L'existence n'est pas le simple fait de vivre. C'est le fait d'être constamment en route. Le préfixe "ex" suggère un mouvement hors de (hors de soi). Le désir est inquiétude, au sens courant: il implique une tension, et une crainte. N'avoir pas de désir, c'est plus reposant. Mais il est aussi in-quiétude. L'inquiétude, selon l'étymologie, est l'absence de repos, le contraire du repos, donc le mouvement. L'homme est un être toujours en mouvement. "Notre nature est dans le mouvement, le repos entier est la mort" (Pascal, Pensées, Br. 129)

Conclusion :

Le désir, certes, est le signe d'un manque d'être. L'homme est condamné à l'insatisfaction. Mais s'il est un éternel insatisfait, c'est parce qu'il existe au lieu de vivre une vie purement biologique. Toute conscience est tendue vers un avenir. Bien sûr, l'homme est loin d'être un dieu. Mais le désir révèle sa grandeur, qui est de ne pas être limité à son présent, fermé à tout devenir, mais au contraire ouvert aux possibles.

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27 juin 2009 6 27 /06 /juin /2009 21:44

 

Pris dans les forums café philo du site etude-litteraires.com


Je pense qu'on ne peut pas aimer sans s'aimer.
On ne peut pas s'aimer sans se connaître.
On ne peut pas se connaître sans se poser des questions.


L'amour, c'est ce qui reste, lorsque, tout désir étant dépassé, on éprouve le besoin de continuer ensemble.

le grand AMOUR, celui que vous n'aurez qu'une fois dans votre vie, parce que vous aimerez quelqu'un à la folie, parce que vous ne pouvez passer un instant sans lui (ou elle) il vous est vital de tout partager en commun, vous serez l'ombre de son ombre, vous ne faites plus qu'un, prête à donner votre vie pour la personne de vos rêves. Votre complicité sera comme celle des jumeaux : chacun ressent les émotions de l'autre, devine chaque pensée, un regard ou un sourire suffisent pour savoir de quoi il s'agit et partir dans des délires ... Même quand il est loin de vous, vous savez s'il est bien ou mal et si vous fusionnez vraiment, vous pouvez le percevoir physiquement en vous concentrant. Vous l'aimez de toute votre âme, il fait vibrer votre coeur et votre corps, vous n'êtes plus maître de vos émotions, vous vous sentez à la foi si fragile et si femme dans ces moments là. Aimer et être aimer, c'est à la fois merveilleux et douloureux, car vous dépendez émotionnellement parlant, de l'autre.

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14 juin 2009 7 14 /06 /juin /2009 01:14
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